Je ne savais pas trop de quoi parler aujourd’hui. A la base, j’aurais pu faire un truc un minimum culturel, vous parler cinéma ou littérature… Ou bien vous servir un petit débat philosophique, de l’absurde. Bref, réfléchir à quelque chose de construit. Et puis, j’ai repensé à ce que j’ai vécu un peu ces derniers temps et, surtout, à ce que j’ai entendu. Ces derniers jours, on m’a surtout parlé d’Amour. Qu’à cela ne tienne, discutons-en un peu.

Je suis emmerdée parce que je ne suis pas vraiment la nana la plus romantique que l’on puisse trouver… Pour moi, le 14 février est une convention tacite et le mariage unique et éternel a été inventé quand la moyenne d’âge était de 35 ans. Well. Peut-être que si mes parents n’avaient pas divorcé, peut-être que si tous les adultes responsables autour de moi n’avaient pas parlé de divorce, peut-être que si je n’avais pas rencontré de tels abrutis possessifs et tordus… Peut-être que je ne serais pas comme ça. Peut-être. Ça reste une hypothèse, certes, mais tout de même. Avec le recul, j’y repense en écrivant ces lignes, c’est vrai qu’on m’a beaucoup parlé d’Amour. Évidemment, j’ai entendu parler de couples… Mais, ça, ce n’est pas forcément de l’amour. Oui, c’est vrai, il y a des gens en couple parce qu’ils s’aiment et c’est tant mieux pour eux (mais ça me fait monstrueusement peur, j’avoue) mais on trouve aussi, et c’est souvent, des gens en couple par habitude ou par confort. Ça aide à ne pas être seul. J’ai été surprise plus d’une fois par le nombre de personnes dans mon entourage direct ou indirect qui – je cite – « cherche une copine ». Ou un copain. Qui cherche quelqu’un. Sans doute suis-je une idéaliste qui s’ignore mais j’ose croire que quand on se met avec quelqu’un, c’est pour cette personne et pas pour le confort social, affectif et sexuel qu’elle représente. Sans quoi, mieux vaut s’acheter un chat et de quoi se contenter tout seul, ça apporte moins d’emmerdes. Ne me jetez pas un regard comme ça, je ne fais que prêcher le vrai. Ça ne tuera personne.

Tout ça pour vous parler d’Amour, ce sentiment étrange et impalpable dont les arts n’ont cessé de nous vanter les louanges depuis la nuit des temps mais que nous sommes bien peu à pouvoir prétendre connaître. L’amour, vous savez, ça peut être l’amitié, envers un homme, ou une femme, une sorte de loyauté et de respect profond, qui vous vient des tripes et qui fait que vous avez la certitude que, ouais, cette personne-ci vous aura marqué pour toujours. L’amour, ça peut aussi être la famille, c’est savoir affronter des situations invivables pour rester avec ces gens : les disputes, la maladie, la mort… L’amour, ça peut aussi être une passion, savoir que quelque chose nous est si cher que, jamais, on ne pourra s’en passer. Ça peut-être un domaine artistique ou un sport, une langue, une pratique, quelle qu’elle soit, ou un métier. Alors, ouais, l’Amour, c’est un grand mot, un beau mot, un mot que tout le monde utilise mais qu’on nous force à voir selon cette putain de vision étroite du couple. Que cette pression sociale aille se faire sodomiser par un grec. Parce que, à l’aube du XXI° siècle, j’ose espérer que les tendances morales vont à la libéralisation de l’opinion. Qu’on puisse dire qu’on aime sincèrement un ami, un écrit, son grand-père. Qu’on puisse envoyer se faire foutre la grand-mère grabataire qui viendra vous voir et vous dire « t’es célibataire? Ah, mais un jour tu sauras ce que c’est, l’Amouuuuur… ». Si pour connaître l’amour, il faut avoir des relations sexuelles avec l’intéressé(e), je peux vous assurer que, pourtant, il est certain de mes proches qui me connaissent mieux que toutes les aventures que j’ai pu avoir dans ma vie de débauche.

Mais bien sûr que le couple ça peut être cool, évidemment, je me doute bien que si tout le monde cherche désespérément cette forme de confort, il y a bien une raison. Une raison qui m’est étrangère, certes, mais une raison quand même. Soit. Mais doit-on pour autant tourner le dos à plus de 6milliards de personnes?

J’ai la prétention de croire que j’ai un amour profond pour l’écriture qui m’est un besoin viscéral et passionnel. Si je n’écris pas, je meurs. J’ai aussi l’audace de croire que j’aime mon grand-père d’un amour sincère parce que c’est un homme exceptionnel. Je peux aussi affirmer qu’en la personne de mon meilleur ami, j’ai connu l’amour le plus intact qui soit, tant et si bien que, des années après, j’en suis rendue à l’écrire sur mon blog. Je peux voir dans les yeux de certains, quand ils me parlent de personnes avec qui ils ne sont pas en couple, qu’ils les aiment, d’une façon étrange et non conventionnelle, ok, mais sincère.

Ce propos ne ressemble en rien à ce que j’ai pu écrire ni même à ce que j’écrirai plus tard, cet article sera unique et probablement sans réponse, il n’en nécessite pas. Mais il faut croire que, parfois, la personne la plus cynique et désabusée du coin a l’air d’y comprendre plus à l’amour que tous ces putains de lovers qui me donnent la gerbe, à se marier à 20 ans et à prétendre avoir tout compris. Si vous le dites, mes petits, si vous le dites. On en reparlera dans une dizaine d’années, quand vous serez en instance de divorce, ou pas, et que je serai probablement encore célibataire et tout aussi libérée. On verra si ce que vous me raconterez de votre moitié aura autant de sérénité et de tendresse que ce que je dirai à propos de toutes ces personnes que je prétends aimer. Ces choses. Ces faits.

Vous pouvez relire l’article, il sera toujours là, mais rassurez-vous, ce n’est sans doute qu’une illusion, qu’un délire collectif.