Vous n’y croyiez plus et qui pourrait vous en vouloir? Je suis sincèrement désolée, il faut le dire, d’avoir abandonné le navire de la sorte. À titre d’excuse, je traverse une passe difficile en mode « non seulement je suis athée et en plus dieu me déteste », et pour cause! Voyage en Guadeloupe annulé à la veille du départ, relent de « crève, Cendar, le monde aura ta peau » et autres joyeusetés étudiantes. Mais qu’importe, peu1porte, blablabla. Je me reprends – oui, oui – et Cendar’s back. Avec un sujet d’article tout pourri, soit, mais un sujet d’article QUAND MÊME (*ovation générale dans l’hémicycle* je vous expliquerais ultérieurement). Bref : on n’est pas mort, désolée.

Sur ce, Lecteurs, passons aux choses sérieuses. Vous vous doutez bien que dans ma période dépressive, j’ai fait quelques trucs qui ne me ressemblent pas vraiment comme sécher les cours pour faire la gueule, enchaîner les soirées de façon irresponsable et – surprise – mater la blinde de films. Et quand je dis la blinde, je pèse mes mots! Ouais, ouais. Je sais. Je suis tombée bien bas…

Toujours est-il que de film de psychopathe en film de psychopathe, j’ai fini par me taper une petite réflexion sur le rôle des méchants dans l’univers cinématographique. Étant loin d’être seule dans ma tête et devant supporter une multitude de personnalités à tendances psycho-sociopathes, vous vous doutez bien que les films avec des méchants manichéens, c’est loin d’être mon trip. Sauf s’ils gagnent à la fin, évidemment. Si on exit – naturellement – mon aller direct pour le cinéma histoire de voir la dernière perle de Pixar aka Moi, Moche & Méchant (Didieeeeer!), on peut établir mes derniers acquis cinématographiques avec L’associé du Diable, 300, Pitch Black, Les Chroniques de Riddick, Immortel, Domino et c’est déjà pas mal pour une nana qui mate genre un film par mois (et encore).

Le délire dans chacun de ces films c’est qu’on s’éloigne de la dichotomie hollywoodienne classique du méchant vraiment moche et méchant et du gentil héroïque et tellement bon (souvent dans les deux sens du terme, vous le noterez). À savoir que dans 300, les héros sont comme de sacrés bourrins relativement sanguinaires (des spartiates, quoi), dans Domino on parle de chasseurs de prime (on a vu mieux niveau enfants de cœur), dans Pitch Black & les Chroniques de Riddick, on vous parle carrément d’un meurtrier moultement poursuivi (par des chasseurs de prime, d’ailleurs), dans Immortel on capte pas vraiment qui est gentil ou qui est méchant parce que même les Dieux sont des violeurs (ouais, je sais, rien d’étonnant, suffit de jeter un coup d’œil à la naissance aléatoire de Jésus dans notre culture mais tout de même, fallait oser) et – évidemment – dans l’Associé du Diable, on vous fait carrément l’apologie du Mal parce que, merde, le Diable c’est Al Pacino et c’est quand même monstrueusement la classe.

De là, une question – enfin plusieurs mais on va synthétiser – quelle est donc cette vision du méchant ou du pas méchant? C’est vrai, merde, elle est où l’époque où les films nous faisaient l’apologie du bien, que les méchants étaient fondamentalement méchants et que – en plus – ils perdaient? Le monde gagne en cynisme, mes amis, et ça fait du bien de le constater. Par ailleurs, force est de constater que la considération nuancée de l’être humain ne fera pas de mal à la morale. L’être humain n’est pas parfait et c’est pour ça qu’il est humain. L’être humain ne peut pas être foncièrement bon parce que sinon il devient fou (ou alors on le brûle Place de la Pucelle à Rouen, au choix). Le mal, quelque part, c’est bien. Le mal, c’est la faiblesse… Ou pas. Le côté obscur de la force – en plus d’avoir des cookies – attire parce qu’il est moins sévère que le bien. C’est plus facile de faire le mal (mais plus compliqué de le faire bien). C’est sexy d’être mauvais. Et tout devient plus simple. C’est plus humain… Plus souple. Dans le mal, on découvre des degrés, des nuances, une acceptation générale du concept (l’illégalisme toléré en est une illustration parmi tant d’autre), alors qu’être bon, c’est ne pas être mauvais. C’est tellement plus simple de se référer à un Diable qu’à un Dieu. On travaille tellement plus à être bon qu’à être mauvais. Considérer un méchant d’une façon plus détendue et plus naturelle, il faut dire que ça rend aussi l’exercice incroyablement plus crédible. Qui, de nos jours, peut avoir la prétention – dans un monde comme le nôtre – de n’aspirer qu’au bien et de n’agir qu’en regard de cette ligne de conduite? Que celui qui n’a jamais fauté me jette la première pierre. Être méchant, c’est tendance, on ne peut plus lutter. Et puis de toutes façons je serais mal placée pour affirmer le contraire : c’est tellement plus humain de ne pas être bon…

Je conclurai mon propos par deux citations de la scène finale de l’Associé du Diable parce que c’est d’un parlant très parlant.

La culpabilité, c’est un énorme sac plein de briques, tout ce que tu as à faire, c’est le poser. Pour qui tu le portes ton sac de briques ? Dis-moi Kevin. Dieu ? C’est ça ? Dieu ? Tu sais quoi ? J’vais te dévoiler une petite info exclusive au sujet de Dieu : Dieu aime regarder. C’est un farceur. Réfléchis : il accorde à l’homme les instincts, il vous fait ce cadeau extraordinaire et ensuite, qu’est-ce qu’il s’empresse de faire ? Et ça j’peux te l’jurer, pour son propre divertissement, sa propre distraction cosmique, personnelle, il établit des règles en oppositions. C’est d’un mauvais goût épouvantable… Regarde, mais surtout ne touche pas. Touche, mais surtout ne goûte pas ! Goûte, n’avale surtout pas ! Ha ha ha ! Et pendant que vous êtes tous là à sautiller d’un pied sur l’autre, lui qu’est-ce qu’il fait ? Il se fend la pêche à s’en cogner son vieux cul de cinglé au plafond. C’est un refoulé ! C’est un sadique ! C’est un proprio qu’habite même pas l’immeuble ! Vénérer un truc pareil ? Jamais !

« Je suis un humaniste! Peut-être même le dernier… »